Certaines personnes perçoivent le monde comme hostile. « L’enfer c’est les autres » comme l’écrivait déjà Sartre… Pour moi l’enfer, ce serait plutôt un monde sans les autres, un monde où la défiance est la norme, où « les autres » représenteraient a priori un ennemi potentiel, un danger.

Le bonheur du partage dans
l’instant
Pour ma part, j’ai choisi la confiance. Pour être tout à fait
honnête, je dois dire que la confiance s’est toujours imposée à moi a
priori. Exceptions faites de certaines intuitions me conseillant d’éviter
tel personnage ressenti comme néfaste (toujours suivre son instinct…) j’ai
cette chance de voir chez l’autre le meilleur. Toute nouvelle rencontre,
qu’elle soit professionnelle ou sociale, est pour moi une opportunité de
nouvelle amitié. Non que je recherche cette amitié, mais elle s’impose souvent
d’elle-même, et je l’accueille sans méfiance. Lorsque la bienveillance, les
affinités, l’envie d’échanger à bâtons rompus ou de partager un bon moment tout
simplement s’expriment avec naturel, je les encourage. Je ne les provoque pas,
je n’essaie pas de créer cette situation, je reçois juste ce moment comme un
privilège, un « p’tit bonheur », le bonheur du partage dans
l’instant, de l’échange, d’une interaction sociale, aux sens les plus nobles
des termes.
Bien sûr, il arrive que l’on soit déçu, trahi, que l’on se trompe
aussi. La confiance, ce n’est pas simplement savoir que l’on peut s’appuyer sur
les autres ; c’est savoir que l’on peut vivre en bonne intelligence les
uns avec les autres. Coopération, partage, bienveillance, sincérité, confiance.
Pourquoi croire en les autres ? Parce que si l’on ne croit plus en
l’humanité, on se condamne, à la solitude, à la défiance, à la tristesse, à
mourir de chagrin... On se condamne à disparaître en tant qu’espèce humaine, en
tant qu’individu grégaire qui, seul, ne résistera pas bien longtemps à
l’adversité ou aux prédateurs en tous genres. Vivre en confiance ne signifie
pas vivre dans un monde de bizounours… Ni dans sa bulle. En coopérant, en
partageant mieux les ressources et les pouvoirs, en régulant mieux les
richesses et le pouvoir, les êtres humains se conduisent en individus
co-responsables et oeuvrent ainsi pour le bien commun autant que pour leur
propre bien-être. L’expérience (et la théorie des jeux) montre qu’on a
plus intérêt à faire confiance que le contraire, en dépit des risques et des
trahisons toujours possibles.
Voir chez l’autre le meilleur,
c’est partir gagnant
Voir chez l’autre le meilleur, c’est partir gagnant. L’altruisme
réciproque, l’empathie, la solidarité, la fraternité… autant de valeurs
indispensables à l’évolution (humaine, comme aux écosystèmes de toutes sortes).
Si nous vivons en permanence dans la défiance, incapables de confier nos biens,
nos vies, nos destins… à d’autres, nous ne survivrons pas, et notre espèce
s’éteindra. (Pour les aigris se réjouissant que l’espèce humaine
disparaisse, merci de reprendre cette lecture à partir de : « L’enfer
c’est les autres »…).
A quelques exceptions près, pour la grande majorité d’entre nous,
les bénéfices de la confiance sont bien supérieurs aux inconvénients. Voilà
pourquoi j’ai choisi de faire confiance à « l’autre », à mon
semblable, à celui que je ne connais pas a priori. J’ai décidé de
croire en l’humanité ; c’est une question de survie. Ai-je d’ailleurs
vraiment décidé ? Croire en l’humanité est un état d’esprit en
réalité : cela part du principe que l’autre est bien notre égal, notre
double. Oui, l’autre, c’est nous, d’où qu’il vienne. Non, l’autre, ce n’est pas
l’enfer, mais une certaine idée de la fraternité. Croire en l’humanité se
suffit à elle-même : elle se passe très bien des dieux et des dogmes… C’est
pourquoi faire le pari de l’humanité, c’est se donner toutes les chances de
gagner.