lundi 3 mai 2010

Claude ALLEGRE, Hérétique ?



(Véronique Anger. Billet d'humeur 05/10/06)

Courageux Claude Allègre qui ose élever la voix contre la pensée dominante… A-t-on encore le droit, en France, d'émettre des idées contre-cycliques ou bien l'hérétique sera-t-il conduit au bûcher par les adeptes du terrorisme intellectuel ? Toute la question est là.

Vive l'écocitoyen !
Et si notre comportement d'hyper-consommateur inconscient n'avait qu'un impact minime sur la planète ? Cela ne changerait sans doute rien au fait qu'il faut essayer de sortir de notre comportement égoïste et destructeur (l'émission de CO2, la consommation à outrance, les produits chimiques,...) bref, de renoncer à tout ce qu'on dénonce actuellement et qui est incontestablement source de cancers et autres maladies graves en plus d'être une insulte aux pays les plus pauvres. Donc, vive « l'écocitoyen » ! J'en suis convaincue, et tout le monde civilisé ou presque en convient.
Maintenant, essayons d'échapper à la pensée unique et culpabilisatrice. N'est-ce pas notre égocentrisme qui nous pousse à penser que nous sommes capables d'agir sur la planète, à refuser d’avouer notre incapacité à maîtriser les choses de la nature ? Notre comportement ressemble à celui d’un enfant-roi qui ne peut accepter que le climat puisse être régi selon des cycles totalement indépendants de sa volonté. La planète vit sa vie depuis des millions d'années, avec ou sans l'humanité sur son dos. Après tout, nous ne sommes qu'un « accident ». Nous ne devrions même pas être là si l’on en croit la théorie du big-bang.

Religion du souci des générations future : unique voie de salut?
On peut consommer sans pour autant gaspiller outrageusement ; respecter les plus démunis et même se soucier des générations futures. En d'autres termes, il n’y a pas d’incompatibilité entre une attitude plus respectueuse de l'environnement et des autres. Que l’on agisse pour des raisons personnelles, par compassion, par humanisme, par devoir ou par charité chrétienne, que sais-je... adopter une attitude responsable et aimer jouir de la vie, c’est possible.
Mais, pour autant, doit-on se soumettre au diktat de la pensée dominante qui sévit actuellement et qui, véritable religion, a fini par remplacer Dieu -ou les dieux- pour s’imposer aujourd'hui comme l’unique voie de salut ? Les Cassandre nous le répètent assez : on va tous crever et ce sera bien fait pour nous !
Religion « du souci des générations futures », religion hypocrite puisque la plupart des gens s'y conforment -ou s'y conformeront bientôt- par crainte des représailles (peur de disparaître, du jugement des autres, d'être rejeté du groupe...), esprit grégaire ou besoin d’un ennemi fédérateur plutôt que par réel souci de son prochain.
Ainsi, tout le monde devrait répondre amen sans broncher aux sermons des croisés de la cause climatique. Leur discours alarmiste est martelé par les grands médias qui, pour la plupart, ne font même pas l’effort de démêler le vrai du faux car la probable disparition de l’humanité « si on continue comme ça… » ça fait peur, donc ça fait vendre.
A-t-on encore le droit d'émettre des idées contre-cycliques ? Toute la question est là... Ceux qui refusent la pensée dominante sont littéralement désignés comme hérétiques. Il suffit de lire les réactions à la chronique de Claude Allègre dans L'Express pour s'en convaincre. Pourquoi une grande partie des experts refusent-ils d'explorer de nouvelles voies ? Ce n'est pas le cas de toute la communauté scientifique heureusement. Pourquoi ne pas chercher à connaître les causes exactes du réchauffement si d'autres causes existent ? En quoi cela empêchera-t-il les citoyens d'adopter un comportement plus respectueux de la nature et de leur prochain ?

Punition divine ?
Si vous jouissez trop de la vie, vous serez puni ! Le plaisir n'est-il pas un péché mortel ? D'accord, plus de doryphores sur les pommes de terre... (faut pas pousser : nous sommes une société évoluée et l'obscurantisme n'a plus cours chez nous) mais le sida (punition divine pour avoir « décoincé » la société) et maintenant le réchauffement climatique pour avoir trop consommé, bouffé, pollué, fumé, roulé en 4x4 ou en sportive, etc. A punition divine, sacrifice obligatoire puis rédemption. Expions nos péchés par le sacrifice ! Depuis le Christ en croix, on est fort pour désigner un bouc émissaire. Et hop, on repart sur des bases « saines », si j'ose dire ! La théorie du bouc émissaire et du meurtre fondateur chère à René Girard a encore de beaux jours devant elle. Elle se décline et se répète à l'infini, ne cessant de trouver de nouveaux champs d'application dans nos sociétés paraît-il éclairées et modernes.
L’idée de la punition divine est ancrée également dans les esprits les plus instruits. Des représentants de « l'élite » n’ont-ils pas écrit à l'Académie des sciences pour se plaindre de ce « provocateur » de Claude Allègre. Les foules aussi se sont défoulées. De nombreux bloggeurs ont reproché au scientifique de « ne pas avoir de légitimité ». Un géologue ne serait donc pas légitime pour parler du climat et de la Terre ? Et quand bien même il n’aurait aucun diplôme, quelle bonne blague ! Il faut donc désormais, pour pouvoir s'exprimer sur un sujet de société, montrer patte blanche ? Est-ce vraiment « citoyen » de limiter le débat public aux seuls experts ou au cénacle des pseudo initiés ?

Il est grand temps de faire pénitence…
A cause de notre tradition judéo-chrétienne, nous culpabilisons en permanence. En particulier quand tout va bien depuis trop longtemps. On a trop profité, on a trop joui de la vie et des ressources de la planète. Il est grand temps de faire pénitence. Autrement dit, on s'est gavé en toute impunité pendant des années. Je parle de nos sociétés nanties bien évidemment.
La guerre est loin. elle touche « les autres », les « infidèles » ou ces pauvres gens, là-bas, au Darfour ou en Tchétchénie dont l'opinion publique se fiche royalement tout en affichant ses grandes et belles idées sur la liberté et les droits de l’Homme…
La guerre touche rarement l’Occident, alors, fatalement, il faudra payer le prix de nos excès. Le bon Dieu -ou les dieux- nous demanderont des comptes un jour. Ca ne peut être autrement. Ce raisonnement plus ou moins conscient est ancré dans l'imaginaire collectif.

La liberté de penser autrement n'existe plus
La foi fervente… ou le bûcher ? Mais à qui profite la religion du nouveau millénaire ? Besoin de contrôler les foules, leurs actes, leurs distractions, leurs plaisirs ? Inutile de chercher très loin les nouveaux inquisiteurs.
Nous vivons une période de régression avec le retour d'une « Eglise » toute puissante imposant une religion de substitution, qui veut tout contrôler avec sa conséquence habituelle : la foi obligatoire ou le châtiment.
On est en droit de craindre un retour à l'obscurantisme. Chacun sait où mènent la religion et l’idéologie lorsqu'elles deviennent intégristes. On sait aussi que les politiques sont les premiers à s’en servir pour manipuler les foules.
En réalité, ce qui m'irrite le plus dans cette religion du souci des générations futures, ce n'est pas de savoir qui de M. Allègre ou de ses détracteurs ont raison. A la limite, je m'en contrefiche. Je n'ai pas plus besoin d'avoir la preuve que l'humain est responsable du réchauffement climatique pour améliorer mon comportement que les libres penseurs des siècles passés n'avaient besoin de rituels collectifs ou de la démonstration de l'existence de Dieu pour respecter et aimer leur prochain.
Ce qui me choque réellement c'est que, dans ce beau pays, la contradiction et le débat deviennent totalement impossibles. Chaque jour me confirme que la liberté de penser autrement existe de moins en moins. J'ai l'impression finalement que l’esprit humain n'a pas vraiment évolué depuis l'Inquisition... et j'ai bien peur que toutes les avancées scientifiques n'y changent rien. La situation ne risque pas de s'améliorer. J’en veux pour preuve l’esprit de soumission et de « peur » (on pourrait en parler de la société de la peur !) dans lequel on entretient les jeunes générations et comment, dès l'école maternelle, l'esprit critique des élèves est peu valorisé. Le système éducatif actuel privilégie la culpabilité qui inhibe à la responsabilité qui rend libre et contraint à voir la réalité en face pour repartir du bon pied. Ca, ça fait peur justement ! Entre la répression et l'éducation, je choisirai toujours l'éducation. L'éducation, fondement de la connaissance et de la liberté. Au risque de contrarier les « fidèles » les plus virulents, j’affirme que les similitudes entre le climat alarmisme et la tyrannie de la religion sont troublantes. Elles ne pouvaient que sauter aux yeux du « libre penseur » que je suis... dussé-je finir sur le bûcher!