lundi 3 mai 2010

OGM : ce qu’on nous cache…

(Par Véronique Anger-de Friberg. Billet d’humeur du 3 août 2005)

Dans une interview accordée à l’excellente revue « Terre Sauvage » (juillet 05) le professeur Gilles-Eric Séralini, chercheur en biologie moléculaire, scientifique de réputation mondiale, dénonce les effets dévastateurs de la pollution chimique, et donne un point de vue sans langue de bois sur les OGM.

Avant lui, le Pr Dominique Belpomme, médecin cancérologue également président de l’ARTAC et chargé de mission pour la mise en oeuvre du Plan Cancer, largement médiatisé tout au long de l’année dernière, dont le livre « Ces maladies créées par l’homme » (en collaboration avec Bernard Pascuito) nous alertait sur les dangers de la dégradation de l’environnement pour la santé : « Le cancer est devenu une maladie de civilisation » ou « A court terme, c’est la survie de l’espèce humaine qui pourrait être mise en cause » annonçait-il.
Les deux hommes s’accordent sur ce fait : « En tant que cancérologue, je me suis aperçu que le cancer était une maladie que notre société fabriquait de toutes pièces et qu’il était en grande partie induit par la pollution de notre environnement(...). Les maladies d’aujourd’hui ne sont plus les maladies naturelles d’hier.» Pr Belpomme (« Ces maladies créées par l’homme »). « Les effets combinés et à long terme des polluants dans l’organisme(...) sont probablement à l’origine de 80% des maladies qui mineront la santé humaine au cours du XXIème siècle, notamment des cancers et des maladies hormonales. » (Réponse du Pr Séralini à « Terre Sauvage »).

Toujours dans cette interview accordée à Terre Sauvage, le Pr Séralini -à l’origine enthousiaste à la perspective d’une réduction de l’usage des pesticides grâce aux OGM « dont je savais le rôle dans les dérèglements hormonaux et les cancers » écrit-il- dénonce comment les fabricants d’OGM ont induit en erreur experts et public : « Je me suis rendu compte que la principale stratégie des industriels était de »fabriquer« des plantes capables d’absorber des pesticides sans en mourir alors qu’on prétendait réduire ces produits !(...) Dix ans après le lancement des OGM commerciaux, les 3/4 des plantes transgéniques ne sont que cela. (...) » et d’ajouter cette observation qui fait froid dans le dos : les fabricants créent « des plantes OGM qui secrètent leur propre insecticide. Lequel est, je le rappelle, aussi un pesticide. (...) 100% des OGM commerciaux sont tolérants aux pesticides -pour les 3/4 d’entre eux-, soit en produisent eux-mêmes, pour le dernier quart. » ! Je me permets un dernier emprunt à son propos pour le moins inquiétant : « Un débat scientifique méconnu a déjà eu lieu autour des OGM en 1974. On craignait alors qu’en mélangeant des gènes de virus et de singes, on ne crée de nouveaux virus. ». Pourtant, personne ou presque ne parle de « plantes pesticides », mais bien de plantes OGM... Eu égard au respect du droit des auteurs, je n’abuserai pas davantage des citations et je vous invite à lire le texte intégral dans le magazine « Terre Sauvage », qui ne me tiendra pas rigueur, je l’espère, de ces emprunts aux réponses du Pr Séralini. A quand un grand débat citoyen sur les OGM ? Espérons que cette passionnante interview recevra l’écho qu’elle mérite dans les colonnes de nos grands quotidiens.

Pour terminer à propos des OGM, je citerai cette réponse du paléoantropologue Pascal Picq à un représentant de Monsanto Europe lui reprochant d’être « anti-OGM » : « (...)Quand vous me dites que les OGM vont sauver de la faim dans le monde, vous vous moquez de moi car nous pouvons déjà nourrir tout le monde sur cette planète. De plus,les OGM, même s’ils peuvent aider à cela, ne pourront pallier les égoïsmes, la corrusption et les inégalités que les hommes produisent sur la terre. ». A méditer...

Nota :
Le Pr Gilles-Eric Séralini est l’auteur d’un livre paru chez Flammarion en 2004, «Ces OGM qui changent le monde».