La dernière Croisade. Des Ecolos... aux Ecolomaniaques ! (éditions L'Arganier. Collection Pertinences. 176 Pages. 15€. Sortie le 24 novembre 2009)
Avant-propos
"J’ai commencé à coucher mes réflexions sur le papier au début du printemps 2008, alors que le discours « écolomaniaque » atteignait son paroxysme en France et au Québec. Cet essai aurait d’ailleurs dû paraître en librairie dès la fin de cette même année si la crise économique, qui frappa de plein fouet la planète à l'automne suivant, n’avait occulté, dans les discours politiques et les médias, les questions liées au réchauffement climatique.
Nul besoin d’être grand clerc pour annoncer que les chantres du « climatologiquement correct » et leurs prêches catastrophistes ne tarderont pas à réinvestir le devant de la scène mondiale dès que le cataclysme financier sera derrière nous. D’ailleurs, à l’heure où je noircis ces lignes, je sens déjà le frémissement d’un retour en force de la religion du « climatologiquement correct ». Le débat autour de la « Taxe carbone » et la perspective de la tenue du Sommet sur le climat de Copenhague, probablement…
Ne nous y trompons pas, la question du réchauffement climatique se répand à vitesse « grand V » jusque dans les pays pauvres. Premières victimes du dérèglement climatique, ces populations sont sensibilisées par la fonte des glaces et autres catastrophes naturelles (tsunamis, inondations, famines, sécheresses…) qui représentent une menace directe pour elles.
La nouvelle idéologie qui s’impose de plus en plus dans les pays touchés par la pauvreté prétend que les responsables de ces catastrophes sont les pays qui surconsomment, les pays riches donc. Un nouvel ennemi est désigné comme la cause de tous les maux de la planète, et cet ennemi c’est l’Occident.
Pour ne citer que cet exemple, que penser, en effet, de l’enseignement dispensé par les professeurs de « développement durable » dans les écoles primaires d’Inde, du Népal ou du Bengladesh(1) ? Les jeunes élèves, ces futurs « réfugiés climatiques(2) » comme on les nomme désormais y apprennent qu’ils sont les victimes des nations riches qui ont rendu exsangue leur pays à force d’exploiter ses ressources et sa population, que ces pays oppresseurs sont seuls responsables du réchauffement global et donc de toute la misère qui en découle. Certes, nul n’oserait contester le manque de générosité et de compassion des pays riches vis-à-vis des pays pauvres. Cette insoutenable indifférence est d’ailleurs abordée dans cet ouvrage(3). Cependant, ce discours donne une explication simpliste et réductrice à la pauvreté des nations en voie de développement. Il me semble davantage relever de la volonté de manipuler et d’inciter des millions de jeunes esprits à la Haine de l’Occiden(4) que d’une quête de vérité et de partage des responsabilités. Désigner, sans autre forme de procès, un bouc émissaire — qui plus est consentant et pénitent — pour expliquer aux pauvres qu’ils ne parviennent pas à sortir de la pauvreté à cause d’un « complot » des pays riches travaillant à leur perte me semble un raccourci dangereux, peu propice au maintien de la paix et au développement de la coopération entre les peuples.
Assurément, le « Vert » est dans le fruit…
En Occident, le contexte psychosocial dans lequel a émergé et continue à se renforcer le « climatologiquement correct », le vocabulaire religieux, les aspects transcendants, le dogme, les excès, l’intolérance… caractérisent aussi bien certains « climat-alarmistes » que certains « climat-sceptiques ». Toutefois, seul le discours alarmiste fait référence aux croyances, aux craintes liées à un châtiment divin ou à des superstitions découlant de nos terreurs collectives ancestrales.
La question du rapport de l’humain avec le divin, du sentiment religieux comme lien social, la définition du bien et du mal, l’universalité du message, les tentatives de détournement de la science au profit de la religion, les rituels sociaux, la désignation de boucs émissaires, la nature « sacrée » de mère Nature… constituent autant de pistes révélant l’émergence d’une nouvelle religion(5). Une nouvelle religion de plus en plus réfractaire au doute et à la discussion et dont il faut dénoncer les excès lorsque celle-ci revêt les habits de l’intolérance, cherche à installer « sa » vérité coûte que coûte et à s’imposer à tous sans débat préalable avec ses contradicteurs. Au motif que la fin justifie les moyens.
J’ai établi un parallèle entre le « climatologiquement correct » et le dogme religieux — au sens de croyance religieuse aussi bien que de religion idéologique—dès 2006(6) tant il me paraissait éclatant alors. Aujourd’hui, alors que l’Écolomania prend une dimension inquiétante, les questions que chacun devrait se poser sont les suivantes : doit-on accepter, sous prétexte de bonnes intentions, un nouveau dogme religieux ?
À qui profite cette Écolomania ?
Du 7 au 18 décembre 2009, les dirigeants de cent quatrevingt-dix pays se rencontreront à Copenhague, au Danemark, pour essayer de se mettre d’accord sur une convention mondiale destinée à remplacer le protocole de Kyoto. Stavros Dimas(7) a déclaré que l’accord devrait permettre de limiter le réchauffement climatique en divisant par deux les émissions mondiales d’ici à 2050 par rapport aux niveaux de 1990.
À l’heure où j’écris, nous sommes à l’aube de cette grandmesse médiatique, et il m’a paru nécessaire d’attirer l’attention du lecteur — qu’il ait ou non la foi — sur les dérives possibles des discours dogmatiques qui s’attachent désormais au réchauffement climatique.
Si la religion, comme toute religion de la plus primitive à la plus moderne, est le plus souvent un facteur de cohésion sociale, elle risque aussi de conduire à la désagrégation d’une société lorsque celle-ci est fragilisée ou divisée. En temps de crise, la tentation est forte de désigner un ou des coupables. Quand des leaders charismatiques parviennent à convaincre une majorité d’individus angoissés qu’un groupe bien identifié—de préférence la minorité qui doute ou pose des questions dérangeantes — nuit à la communauté tout entière, cela ne peut mener qu’à une seule issue : la violence collective aboutissant au sacrifice de boucs émissaires.
Il serait sage de ne pas l’oublier…".
Véronique Anger
(1) Je fais référence au documentaire de Romain Clément « Le toit du monde nous fond sur la tête » (2008) diffusé sur TV5 Canada les 22 et 25 février 2009.
(2) Le GIEC amisé en 2007 sur une hausse de 59 cmaumaximumdu niveau de lamer d'ici à 2100 en ne prenant en compte que l'expansion naturelle du volume des eaux océaniques due à leur réchauffement, sans intégrer la fonte des glaces de l'Antarctique et du Groënland. Un tel phénomène pourrait entraîner le déplacement d’ici à 2050 d’environ 200millions de personnes des îles mais aussi des régions et villes situées sur les côtes ou dans les deltas, selon ses prévisions. Source: Extrait du rapport publié par Le Monde/AFP le 12 mai 2009 in Réchauffement limatique: les petits États insulaires en première ligne*. Information confirmée par le rapport Care international de juin 2009 et le Centre pour un réseau international d'information sur les sciences de la Terre de l’université de Columbia : environ 200 millions de personnes seraient contraintes d’émigrer vers d’autres régions ou d’autres pays d’ici à 2050.
(3) Seul 1 milliard a été versé pour lutter contre la faim en 2008 sur les 12,3 promis. Une goutte d’eau, à l’échelle des 1500 milliards de dollars débloqués en quelques jours par l’Europe et les États-Unis pour venir en aide aux banques de leurs pays au plus fort de la crise…
(4) Pour reprendre le titre de Jean Ziegler, Éditions Albin Michel, 2008.
(5) Voir, en annexe, mon article « Claude Allègre, hérétique ? » publié sur AgoraVox le 5 octobre 2006, où ce parallèle entre nouvelle religion et intégrisme écologique est exploré.
(6) Ibid.
(7) Commissaire de l’Union européenne, chargé de l'environnement depuis 2004.
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos : LE VERT EST DANS LE FRUIT…
I. AU DIABLE LES PROPHÉTIES DE L’APOCALYPSE !
Épidémie d’Écolomania - La « vérité qui dérange », vérité absolue ? - Les sceptiques contre l’intégrisme écologique - Le « gros bon sens » inuit - Convertir le « bon sauvage » - Urgence planétaire - La chasse aux sorcières est ouverte.
II. LA VÉRITÉ EST AILLEURS…
D’autres pistes pour expliquer le réchauffement ? - Le soleil, la mer et les nuages - Un dialogue de sourds - Énergies « propres » combien ça coûte ? - Un projet tué dans l’oeuf…- Scier la branche…- A qui profite la pile à hydrogène ? - La voiture électrique ne date pas d’hier…
III. LE « CLIMATOLOGIQUEMENT CORRECT » : PAROLE D’ÉVANGILE ?
L’enfer est pavé de bonnes intentions - Catéchèse obligatoire - La vie devant soi…- Un juste châtiment - La colère des dieux - Pensée magique et bouc émissaire - Une question d’ordre public - L’évangélisation des foules - Al Gore sait ce qui est bon pour nous… - Une véritable profession de Foi - Paris vaut bien une messe… - Un Grenelle Environnement.
IV. LA POUTRE DANS TON OEIL…
Du pétrole, mais pas beaucoup d’idées… - Mauvaise Foi ? - Quand « le maître du rite déchaîne les monstres »… - Boire la coupe jusqu’à la lie – Taxe carbone : une usine à gaz… - Les marchands du Temple et le filon du « vert » - Une arme de « manipulation massive » - Diviser pour régner - Un acte de contrition parfait - Des remèdes pires que le mal ? - Vers la manipulation climatique - Le syndrome de l’enfant-roi.
V. PARDONNEZ-NOUS CAR NOUS AVONS PÉCHÉ…
L’arbre qui cache la forêt - La « faim » du monde - Pardonnez-nous, car nous avons péché…- « L’improbable n’est pas certain » - Écologie et lutte contre la pauvreté, c’est possible - De plus en plus d’initiatives voient le jour - Le sens de la vie ?
ANNEXES :
VOITURES « VERTES » : C’EST DÉJÀ DEMAIN!
CLAUDE ALLÈGRE, HÉRÉTIQUE ?
NOTES, RÉFÉRENCES ET LIENS HYPERTEXTES